COVID-19 : Mot de la présidente

30 avril 2020

Cher membre,

La dernière fois que je me suis adressé directement à vous, c’était il y a un peu plus d’un mois, au début de la crise, alors que le gouvernement venait d’émettre ses recommandations concernant le confinement. Depuis, l’Association a pris position sur plusieurs sujets et mis en lumière certains enjeux et d’importantes problématiques. L’heure n’est pas encore au bilan, toutefois, à la lumière des nombreux commentaires que nous recevons et alors que la société se prépare à vivre progressivement le déconfinement, je tenais à communiquer à nouveau avec vous.

D’abord, il m’apparaît important de revenir sur les positions prises par l’AQRP depuis le début de la crise. Vous pouvez d’ailleurs cliquer sur le lien suivant pour consulter l’ensemble de ces positions : COVID-19 : Cahier des positions et actions posées par l’AQRP.

Bien avant la crise, l’Association était extrêmement préoccupée par la situation dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et dans les résidences pour personnes âgées (RPA). Depuis 2011, nous avons interpellé le gouvernement à ce sujet à plusieurs reprises, rédigé plusieurs mémoires et fait des recommandations précises. Si le gouvernement ne pouvait prévoir une telle crise sanitaire, nous croyons qu’en appliquant certaines recommandations, il aurait été possible d’empêcher qu’elle soit d’une telle ampleur. À cet égard, nous avons demandé, dès le début du mois d’avril, que tous les employés des CHSLD et des RPA soient systématiquement testés à la COVID-19. Il s’agissait, à notre avis, d’un non-sens que cette mesure ne soit pas déjà en place.

Au sortir de la crise, l’AQRP demandera que des États généraux soient rapidement mis en place. En plus de porter sur la crise actuelle, ces États généraux auraient une visée beaucoup plus large et porteraient sur la place des aînés et des retraités dans la société québécoise. La pandémie a simplement fait ressortir les failles qui existent depuis plusieurs années. Comme société, nous n’avons tout simplement pas été à la hauteur et nous prenons présentement la pleine mesure de la situation ! 

Enfin, nous demandons aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour amoindrir les conséquences de la crise actuelle sur le pouvoir d’achat des retraités et dénonçons le confinement excessif dont certains aînés sont victimes depuis le début de la crise.

Déconfinement : un plan pour les aînés

Cela m’amène au principal élément que je voulais communiquer en écrivant cette lettre. Depuis le début de la pandémie, j’ai entendu et lu des dizaines de témoignages et je tiens à vous dire que je comprends et partage la plupart des sentiments qui y sont transmis. Bien sûr, il y a la peur de la maladie et aussi, la crainte d’être encore plusieurs mois sans voir nos enfants et nos petits-enfants. Toutefois, il y a aussi ce sentiment d’injustice et, disons-le, ce sentiment de frustration qui nous envahit par moment et qui occupe parfois toutes nos pensées. C’est cette impression d’être discriminé en raison de notre âge et d’être confiné à un rôle de spectateur passif, alors que nous sommes les principales victimes de cette maladie et du confinement.  

D’abord, comme présidente, je veux vous remercier, en mon nom personnel et en celui de l’Association, de continuer à respecter les recommandations malgré le sacrifice énorme que cela demande. Je veux également mentionner que nous allons nous assurer que les aînés ne soient pas oubliés dans le processus de déconfinement. Nous allons demander d’être consultés et allons soumettre des propositions concrètes.

Nous le savons, l’isolement complet prolongé risque de créer des effets encore plus négatifs que celui de la maladie. Ne serait-il pas possible alors de mettre en place des mesures pour amoindrir les effets de l’isolement, de permettre un certain retour à normalité pour nos aînés, tout en s’assurant de leur sécurité ?

Pourrait-on, par exemple, demander aux commerces (épiceries, quincailleries et éventuellement les centres commerciaux, etc.) qu’une plage horaire soit réservée aux aînés, une journée ou deux par semaine, en s’assurant bien évidemment du respect des règles de distanciation sociale et des mesures de sécurité nécessaires ? Pourrait-on également envisager la mise en place de mesures temporaires (supervision, modification de la disposition des lieux, etc.) qui permettraient aux aînés autonomes vivant dans une RPA de sortir sans risquer de croiser les autres locataires (pour éviter la contagion) et ainsi avoir les mêmes libertés que ceux qui vivent dans une maison ?

Les aînés ont besoin, et ils méritent, qu’un plan de déconfinement clair leur soit également destiné. Alors que les dernières semaines ont été difficiles et angoissantes, nous avons maintenant besoin d’un peu d’espoir.

Cordialement,

Rose-Mary Thonney, présidente

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